Le prêt à taux zéro (PTZ) revient au cœur des priorités du gouvernement. Mardi 1er octobre, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé sa volonté de redéployer le dispositif sur l’ensemble du territoire, une décision qui suscite un vif intérêt parmi les acteurs du secteur immobilier. Objectif affiché : favoriser l’accession à la propriété pour les primo-accédants, à l’heure où le marché de la construction traverse une phase de ralentissement.
Cette mesure marque un tournant par rapport à la réforme entrée en vigueur au début de l’année 2024, qui avait restreint l’éligibilité au PTZ à certains types de biens et zones géographiques. « Le contexte économique actuel nécessite des mesures fortes pour soutenir les primo-accédants. Nous voulons leur offrir de nouvelles opportunités d’achat sur tout le territoire », a affirmé Michel Barnier lors de son intervention à l’Assemblée nationale. Cette décision intervient alors que de nombreuses voix, dont celles de la Fédération française du bâtiment (FFB), réclamaient un retour à un dispositif plus inclusif. Le PTZ permet aux primo-accédants de bénéficier d’un emprunt sans intérêts, financé par l’État, pour financer une partie de leur projet immobilier. Ce prêt, qui couvre jusqu’à 50 % du coût d’un logement, est réservé aux ménages ne dépassant pas un certain plafond de revenus. Depuis janvier dernier, son montant a été porté à 100 000 euros pour les foyers aux ressources modestes, un coup de pouce significatif face à la montée des prix de l’immobilier. Toutefois, la réforme de début 2024 avait restreint le PTZ aux zones dites « tendues », c’est-à-dire là où la demande de logements dépasse largement l’offre disponible, principalement dans les grandes agglomérations. En dehors de ces secteurs, le prêt n’était plus octroyé que pour l’achat de logements anciens, à condition que ceux-ci fassent l’objet de travaux de rénovation énergétique représentant au moins 25 % du coût total.
Le retour du PTZ sur tout le territoire pourrait changer la donne pour de nombreux primo-accédants. Selon les estimations du ministère du Logement, cette mesure élargirait le nombre de bénéficiaires potentiels à plus de 24 millions de ménages, contre seulement quelques dizaines de milliers actuellement. En effet, les critères très restrictifs appliqués depuis le début de l’année ont réduit le nombre de prêts distribués : seulement 47 260 dossiers ont été validés en 2023, contre près de 80 000 deux ans plus tôt. Toutefois, cette ouverture pourrait représenter une charge budgétaire non négligeable pour l’État. En 2023, le coût du PTZ s’élevait déjà à 800 millions d’euros. Une extension nationale risque d’alourdir significativement la facture, alors même que les finances publiques sont sous tension. « Il est essentiel de trouver le juste équilibre entre relance du marché immobilier et soutenabilité budgétaire », a prévenu un expert du secteur. Le gouvernement devra donc affiner les contours de cette réforme pour éviter un effet d’aubaine tout en maximisant l’impact sur l’accession à la propriété.
Quoi qu’il en soit, ce redéploiement du PTZ pourrait relancer l’achat de logements neufs et soutenir l’activité des promoteurs, tout en répondant aux attentes des ménages désireux de devenir propriétaires. La Fédération française du bâtiment, pour sa part, espère que cette mesure marquera un premier pas vers une réintégration des maisons individuelles dans le dispositif, encore exclues malgré la demande persistante des professionnels. Une évolution qui pourrait bien remodeler le paysage immobilier français dans les mois à venir.