Interdit depuis le 1
er juillet 1997, l’amiante reste une
préoccupation constante pour les pouvoirs publics. Ce matériau, extrêmement volatile et cancérigène lorsqu’il se dégrade, fait l’objet de nombreuses mesures protectrices pour les populations qui pourraient y être exposées. Ainsi, il est obligatoire de réaliser un diagnostic amiante avant la vente ou la location d’un bien immobilier. De la même façon, l’amiante fait l’objet d’une détection préalable à tous travaux de rénovation ou de démolition, tant dans le bâti que dans les enrobés routiers.
Pour France 5 et la série « Vert de rage », les équipes ont réalisé un recensement des établissements scolaires dans lesquels l’amiante reste présent. Elles ont interrogé 50 000 écoles et 35 000 mairies, la plupart du temps sans obtenir de réponse. Malgré tout, 15 804 écoles se sont prêtées au jeu et ont bien voulu répondre aux questions. Ainsi, on apprend que 5505 d’entre elles contiennent encore de l’amiante, alors que 4771 on fait l’objet d’un constat négatif. Pour les écoles restantes, l’équipe de production a pu obtenir des informations sur les diagnostics qui ont été réalisés, sans toutefois avoir de précision sur leur conclusion.
Pour autant, 26 ans après son interdiction, l’amiante reste responsable de (trop) nombreux décès et cancers chaque année. On estime qu’entre 2009 et 2050, l’amiante aura été responsable de 70 à 100 000 décès. Le cancer de la plèvre touche quant à lui, chaque année, entre 20 et 60 membres du corps enseignant (tous métiers confondus).
Face à ces constats, les mairies sont tenues de maintenir à jour leur DTA qui doit pouvoir être consulté par le personnel de l’établissement ou les parents. En 2020, une enquête de l’ONS faisait état d’un tiers du parc scolaire, contenant de l’amiante.
Si la situation a quelque peu évolué dans le bon sens, le sujet de l’amiante dans les établissements scolaires reste tabou. Le problème reste principalement persistant à cause d’un manque de financement. En effet, les opérations de désamiantage présentent généralement des coûts élevés et nécessitent également d’importants travaux de réhabilitation post-désamiantage, qu’un grand nombre de municipalités ne sont pas en mesure de financer, malgré les différentes aides possibles.
L’association Urgence Amiante École propose que le gouvernement planche rapidement sur un plan d’envergure de réhabilitation du bâti scolaire et prenne ses responsabilités dans le financement de ce dernier, pour ne pas laisser la pleine charge financière des travaux aux collectivités. Le ministère de l’Éducation nationale avait pourtant planché sur la création d’un outil numérique recensant les informations essentielles relatives au risque amiante et à la présence de ce matériau dangereux dans les établissements scolaires. Or, la pandémie qui s’est invitée en 2020 a forcé les services de l’Éducation nationale à revoir ses priorités. Pour le gouvernement qui considère qu’il ne peut agir que sur l’information des personnels, l’amiante dans les établissements scolaires doit rester la préoccupation des communes. Ce serait donc à elles seules de prendre en charge le repérage, le contrôle de la dégradation des matériaux amiantés et leur traitement, le cas échéant.